La production à EDSB : l'usine du Peignage

L'origine

En 1850, les précurseurs Frères CHANCEL substituèrent pour leurs installations de la Schappe, le peignage manuel de la soie par le peignage mécanique, utilisant pour ce faire l’énergie hydraulique.

Un développement foudroyant de la production s’ensuivit, au point qu’en 1862, la soierie des frères CHANCEL passait pour la plus grande usine des Alpes françaises.
L’eau nécessaire à l’usine hydraulique du Peignage fut captée en Durance à l’amont du lieu-dit Roche Percée et amenée au Peignage par un canal à ciel ouvert et un aqueduc toujours visible aujourd’hui dans le parc de la Schappe. L’eau abandonnait son énergie au contact d’une roue de bois à augets sur l’axe de laquelle étaient clavetées des poulies de fort diamètre entraînant à leur tour par courroies motrices les métiers à filer et à carder.

Ce système hydro-mécanique donna toute satisfaction pendant une quarantaine d’années, jusqu’à ce que naisse l’idée d’utiliser plus rationnellement cette énergie sous forme d’électricité.

Apparition de la fée électricité

En 1914 fut mis à l’étude un projet de captage au hameau du Fontenil, avec la création d’une chute d’une trentaine de mètres le plus près possible de l’usine utilisatrice, soit le site de Roche Percée dans la Parc de la Schappe. Interrompu deux à trois fois par la première guerre mondiale, ce programme fut repris dès 1917 par la construction du barrage et le percement de la galerie d’amenée d’eau.
L’ouvrage d’une longueur de 1 200m, pour une section de 1,80m de haut, permettait d’amener un débit d’eau de 3,2m3/s à la chambre de mise en charge de Roche Percée, entièrement creusée elle aussi dans la roche.
Parallèlement à ces travaux, était construite la conduite forcée en ciment ainsi que la centrale équipée de deux turbines Francis horizontales accouplées chacune à un alternateur de 400 kVA .

Dans le même temps, l’Usine Hydro-Mécanique du Peignage, était elle aussi rénovée au profit d’une installation hydro-électrique réalisée par la Société NEYRET - BELIER - PICTART - PICTET qui étudia puis mis en place une turbine Francis double de 250 chevaux accouplée à un alternateur de 200 kVA.

De 1920 à 2007

L’ensemble de ces travaux fut réalisé de main de maître et début juillet 1920 les groupes de Roche Percée entraient en service. La centrale du Peignage, qui utilise l’eau restituée en sortie de Roche Percée, entrera pour sa part en service en 1922.
En 1933 survint le déclin de la fabrication locale de la soie, les besoins en énergie de l’usine de la Schappe diminuèrent d’autant et les frères CHANCEL signèrent alors une convention de vente d’énergie électrique à la R.E.B.

Cet accord subsistera jusqu’en 1966, date à laquelle la Régie racheta les installations de la Schappe pour les exploiter pour son propre compte.
Depuis 1990, date de création de la société, c’est EDSB qui assure l’exploitation des centrales de la Schappe, Roche Percée et le Peignage.

En 2007, après 85 ans de bons et loyaux services, EDSB a pris la décision d’abandonner l’exploitation du Peignage. La turbine d’origine totalise plus de 700 000 heures de fonctionnement ce qui constitue un record en la matière.
L’histoire industrielle de la Schappe continuera cependant à être perpétuée par l’usine de Roche Percée qui a été entièrement rénovée en 1987 et par la réhabilitation et l’extension du bâtiment de la Schappe en préservant son architecture d’origine.

La centrale du Peignage en 2007
La centrale du Peignage en 2007 (cliquez pour agrandir)

L'arrêt de la centrale du Peignage

Après quatre vingt six années de bons et loyaux services, la micro centrale du peignage a été mise hors exploitation le lundi 3 mars 2008 à neuf heures précise.

La vétusté de l'installation avait conduit EDSB à décider d'en arrêter l'exploitation courant 2008. La date choisie permet de se coordonner avec le début des travaux du complexe immobilier de la Schappe [qui n'a finalement jamais vu le jour].

Véritable pièce de musée, la turbine devrait être démontée, récupérée puis exposée afin de retracer le développement de l'électricité dans l'usine de la Schappe, mais aussi pour les briançonnais.

Installée depuis 1922 dans une annexe adossée au bâtiment de l'usine, cette centrale aura totalisé plus de 700 000 heures de fonctionnement sans subir de gros travaux de rénovation.

La roue de type FRANCIS à double sortie est d'origine. Certainement très usée, cette pièce est exceptionnelle car une roue de turbine doit être normalement démontée et « rechargée » environ tous les 20 ans.

Ci-dessous, le reportage

et l'interview de Jean-Luc Dumay, Directeur des Services Techniques d'EDSB :

réalisés par M. Lanteri (Briançon Infos) lors de la cérémonie.

En attendant de connaître la destination finale de la turbine, vous pouvez assister ci-dessous à ses derniers tours de roue. Le film a été réalisé (tournage et montage) par Joël Schocher, technicien chargé de l'entretien de la Centrale du Peignage depuis son entrée en fonction à EDSB.

 

Le film sur Dailymotion
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